Dépaysement

Aéroport de Lisbonne le 3 avril 2010. Dans une petite heure je m'envolerais vers Dakar. Je ne réalise pas encore qu'au réveil je ne serais plus en Occident mais bel et bien sur le continent où l'humanité fit ses premiers pas. Au-delà de cette salle d'enregistrement se trouve un nouvel horizon de découvertes, un dépaysement complet vers lequel je souhaite plonger tête la première.

Ce qui est intéressant avec les zones de transit, c'est l'observation des gens. Chercher à percer leurs angoisses, leur excitation, leurs besoins d'ailleurs et leurs peur de l'inconnu, a toujours été un excercice que j'aime pratiquer dans n'importe quelle zone de passage. On sent tout autour de soi une activité qui fourmille. Certains se pressent, d'autres flânent au milieu des boutiques. Des enfants pleurent, des mamans les consolent. En ce qui concerne ma porte d'embarquement, je l'observe se remplir de Sénégalais. On sent sur leur visage un désir de retour, ils ne semblent pas mécontent de retrouver la terre de leurs ancêtres, celle où ils ont grandi à l'écart de la frénésie occidentale. On ressent également comme une crainte ou peut-être une simple ingénuité face à toute cette organisation calculée au millimètre près.

Je ne sais pas encore ce qui m'attend là-bas, à l'image de cette photo qui rend compte d'un certain flou en ce qui concerne mon voyage. Je confesse y trouver une certaine satisfaction. Le plus beau des voyages selon moi, c'est celui vers un monde qu'on ne s'attend pas découvrir. Il suffit d'ouvrir les yeux à son arrivée, et laisser l'éveil de nos premières années nous submerger de nouveau, nous transporter au-delà de nos frontières, rétablir notre curiosité d'enfant...